À l’Insep, une rentrée "atypique" et exigeante pour les sportifs de haut niveau
VIDÉO. Ce lundi 4 septembre, Astria, Romane et Sana, trois jeunes athlètes françaises, ont fait leur rentrée à l’Insep, centre de formation pour sportifs de haut niveau à Paris. Entre reprise des cours et des entraînements, le ton est donné et les journées s’annoncent bien remplies.
Avec Pauline Bluteau
Il est 7h50, et c’est déjà le début des cours à l’Insep, l'institut national du sport, de l'expertise et de la performance. Le campus de 28 hectares, situé à proximité du bois de Vincennes à Paris (XIIe), accueille des élèves triés sur le volet. Une sélection si rude que la classe de troisième ne compte que trois collégiennes : Sana, Astria et Romane, respectivement sportives de haut niveau en basket-ball, gymnastique artistique et water-polo.
Leur rentrée scolaire débute avec Anne Templet, leur professeure de SVT : "Est-ce que vous avez déjà été trois dans une classe ? C’est incroyable !"
L'enseignante, qui se surnomme elle-même "Mme Détails" pour son exigence, insiste sur le travail qu’il va falloir fournir tout au long de l’année. "L’objectif, c’est que vous puissiez être de plus en plus autonome dans votre apprentissage avant l’entrée au lycée."
"Ça ne ressemble pas à l’emploi du temps d’un collégien classique"
Même en classe, le sport n’est jamais bien loin. À peine le cours débuté, l'enseignante demande à ses trois nouvelles élèves si elles ont pu assister à tous leurs cours de biologie l’année dernière, en raison des entraînements et des compétitions. Réponse unanime : non.
"On s’adapte à leur emploi du temps, admet la professeure de SVT. Il faut intégrer les éléments de la pratique sportive, ça ne ressemble pas à l’emploi du temps d’un collégien classique."
Anne Templet est consciente du rythme soutenu. "Le plus dur, c’est l’enchaînement des activités, avec très peu de temps de pause." Quant aux vacances scolaires, "c’est un concept inconnu pour les sportifs de haut niveau". Pour autant, pas question de sacrifier les études. "Ce n’est pas une scolarité bradée", affirme la professeure.
Les collégiennes se rendent bien compte que leur scolarité n’est pas tout à fait comme celle des autres adolescents. "C’est une rentrée complètement différente, détaille Romane, gardienne pour l’équipe de water-polo. Au lieu d’être 28 dans une classe, je suis avec deux personnes que je ne connais pas, mais c'est plus individualisé donc c'est une bonne chose."
Trouver un équilibre entre études et sport
À 9h40, le premier cours de l’année est déjà terminé. Astria retrouve sa chambre d’internat et profite d’une pause avant les cours et les entraînements de l’après-midi. La collégienne, qui a commencé la gymnastique à 6 ans en regardant des vidéos sur YouTube, assure que "l’école est prioritaire" sur le reste.
"Ce n’est pas grâce au sport que je vais trouver un métier", glisse-t-elle. La gymnaste pense d'ailleurs déjà à l’échéance du brevet à la fin de l’année : "Il faut que je travaille dès maintenant".
En revanche, pas le temps de souffler pour Romane, qui se dirige vers le centre aquatique. C’est déjà l’heure du premier entraînement de la journée. De 10 heures à midi, les joueuses de water-polo s’entraînent à la nage, aux passes et aux tirs. En tant que gardienne, Romane doit faire du surplace dans le bassin : "On ne dirait pas comme ça, mais ça fait mal aux jambes, ça travaille".
Toute nouvelle dans l'équipe, la collégienne de 14 ans est aussi la plus jeune du groupe. "Toutes les filles ont entre 16 et 20 ans, c’est à moi de m’adapter à leur niveau." Originaire des environs de la Rochelle (17), Romane explique être "venue ici pour progresser et voir si c’est fait pour [elle]".
Malgré une légère appréhension sur le rythme de l’année, avec deux entraînements prévus par jour en plus des cours, Romane a le sourire aux lèvres. Elle tient à "ne pas mélanger" études et sport : "Si je dois faire mes devoirs, je les fais sans penser au water-polo et quand je suis dans l’eau, je ne vais pas penser à mon DM de maths".
"Un rêve qui devient réalité"
Comme Romane, Sana poursuit sa matinée par un entraînement. Direction cette fois le gymnase pour 1h30 de préparation physique, suivie d’une heure de basket-ball. Les filles doivent travailler leurs appuis, ainsi que les lancers francs et les tirs à trois points. "La journée est rythmée par la partie scolaire", précise Julien Colombo, responsable de la préparation physique pour le basket-ball au sein du pôle France.
Dans un établissement où la réussite au bac est de 100%, études et sport vont de pair. "Quand les jeunes viennent ici, ils ont un double projet, affirme le préparateur physique. Il faut que la réussite sportive s’accompagne de la réussite scolaire." Sana, qui juge cette rentrée "atypique" acquiesce : "J’ai un peu d’appréhension, mais je suis motivée, tout est fait pour que ça marche".
L’entraînement prend fin un peu après 13h30, sur les paroles du coach : "La mauvaise nouvelle, c’est qu’il y a beaucoup de boulot, notamment au niveau des appuis. La bonne nouvelle, c’est que vous êtes au bon endroit pour ça".
Ce qui ne fait pas peur à Sana, au contraire. La joueuse de basket-ball mesure sa chance d’avoir pu intégrer l’Insep. "C’est un rêve qui devient réalité, il y a beaucoup de gens qui rêvent d’être ici." L'année peut bel et bien commencer.
