"Avant, j'étais frileux à l'idée d'accéder aux grandes études" : 160 lycéens participent au programme égalité des chances de Sciences po
VIDÉO. Pendant deux jours, des lycéens venus de toute la France ont présenté leurs projets d'avenir devant un jury de professionnels, au Sénat. Organisé par dix IEP, l'évènement a pour but de faire naître une ambition pour la suite de leurs études.
Ce vendredi 22 février, le Palais du Luxembourg est en effervescence. Dans les allées, des groupes de dizaines de lycéens se croisent, le sourire aux lèvres. Quand certains vont visiter le Sénat, d'autres se rejoignent dans l'amphithéâtre pour écouter leurs camarades.
Ces cent-soixante lycéens ont été tirés au sort pour présenter leur projet d'avenir, mais aussi décrire leur République idéale.
Un évènement organisé par les dix instituts d'études politiques (sept membres du réseau ScPo ainsi que Sciences po Paris, Grenoble et Bordeaux) dans le cadre de leur programme d'études intégrées, un dispositif voué à favoriser l’égalité des chances, et proposé à des lycéens boursiers venus de la France entière. Au total, 6 à 7.000 élèves sont accompagnés par les IEP.
Raconter son projet d'avenir en 180 secondes
Dans la salle, l'ambiance est détendue et les yeux brillent. Pourtant, le concours est très sérieux. Pour Charlotte, 18 ans, lycéenne à Vannes (56), ce programme est une "belle opportunité". "J'en ai entendu parler par mes professeurs. Je me suis inscrite sans y croire en me disant que sur un malentendu… Et j'ai été tirée au sort", se réjouit-elle. Ce matin, la lycéenne doit prendre la parole pendant "180 secondes" chrono pour se présenter et parler de son projet d'avenir.
Les lycéens écoutent avec attention, tout comme le jury, composé de représentants du monde des médias, des collectivités locales, de la culture, de la diplomatie ou encore de la Commission européenne. Charlotte parle de son intérêt pour les relations internationales, l'Europe et l'écologie. La présentation est claire, argumentée, très structurée.
Changement d'ambiance avec Jules, 17 ans, lycéen à Castelsarrasin (82). "Quand mes camarades ont lu leur texte, j'ai su que je ne gagnerais pas alors, je me suis dit : 'Autant être drôle'. J'ai joué sur ça", explique-t-il.
Même s'il dit "avoir de l'ambition", Jules n'a pas "de rêves plein la tête". Il l'affirme sans détours : les IEP ne sont pas faits pour lui, mais le programme lui a permis d'élargir ses choix. Le lycéen compte ainsi multiplier les vœux sur Parcoursup dans différents domaines, car pour l'instant "le problème, c'est que tout [l'] intéresse".
Gagner en confiance, quelles que soient ses origines
Un regain de confiance partagé aussi par Amire. À 18 ans, ce lycéen originaire de Fameck (57), une ville "rurale", avait du mal à croire en ses chances. Dans son discours, il raconte l'histoire de sa mère algérienne venue l'élever en France. "J'ai expliqué comment la France m'a aidé en me donnant des outils culturels et académiques", relate-il, le sourire aux lèvres.
Avec ses "11,80 de moyenne", le lycéen ne pensait d'ailleurs pas un jour participer au programme. "J'étais frileux à l'idée d'accéder aux grandes études, car je viens d'un lycée classé en REP (réseaux d'éducation prioritaire). Mais finalement, on m'accepte comme je suis. Je n'ai pas senti de différences avec les autres, ça m'a donné confiance en moi."
C'est d'ailleurs tout l'objectif du programme d'études intégrées organisé par les IEP. Selon Pierre Mathiot, alors directeur de l'IEP de Lille (59), ces deux jours à Paris, doivent leur ouvrir des perspectives. "Les lycéens l'ont dit : cela leur permet d'envisager l'enseignement supérieur de façon ambitieuse sans forcément passer par Sciences po, mais aussi d'oser des cursus auxquels ils ne pensaient même pas, et d'éviter de se censurer."
Réveiller une ambition pour les études supérieures
Un avis partagé par Inès, étudiante en master 1 à Sciences po Rennes (35). Au-delà de la présentation orale au Sénat, les lycéens doivent en tirer d'autres bénéfices : "Le rôle des tuteurs et moniteurs, c'est de les accompagner pour les préparer au concours commun des Sciences po, mais pas que. On aide aussi à créer ce goût de l'ambition, à le réveiller et le stimuler".
La jeune femme se dit d'ailleurs "très fière" des lycéens présents. Car pour beaucoup, venir à Paris était leur toute première expérience en TGV. "J'ai eu peu l'occasion de voyager et même si je n'étais pas là pour la gagne, je voulais tenter l'expérience", assure Jules.
Pour Charlotte aussi, ce sont surtout les rencontres qui l'ont marquée. " Il y a un bel esprit de collaboration et d'entraide, il n'y a pas que de la compétition alors que le concours est très sélectif. Ce sont les élèves qui m'ont changée."
Amire a, quant à lui, eu le bonheur d'apprendre qu'il faisait partie des lauréats du concours. Il devrait donc recevoir une bourse d'aide à l'installation dans l'enseignement supérieur pour commencer ses études plus sereinement à Sciences po… ou ailleurs.