De jeunes diplômés récompensés pour leur engagement en faveur des territoires ruraux
Jeudi 11 avril dernier, dix jeunes diplômés d'architecture et de design ont reçu les prix de la première édition du Palmarès Palpite pour leur engagement envers les territoires ruraux. Leurs projets d'aménagement de petites villes ou de zones naturelles ont séduit le jury.
Valoriser les travaux de fin d’études de jeunes diplômés engagés dans les territoires ruraux. C'est l'objectif du Palmarès Palpite qui, pour sa première édition, a recueilli 104 dossiers.
S'il était ouvert à toutes les disciplines, la majorité des candidats étaient étudiants en architecture ou en urbanisme. Jeudi 11 avril, cinq projets menés par dix étudiants ont reçu les prix du palmarès des mains de Dominique Faure, ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité.
Un projet pour redynamiser un village récompensé
Avec plus de 1.400 votes, Elena Cadouin, diplômée de l’ENSA Paris, a remporté le prix du Public pour son projet "Les Pierres d’Irancy". La jeune architecte s’était intéressée au village d’Irancy (72), et particulièrement à ses 46 maisons vigneronnes vacantes, car inadaptées aux usages actuels.
"C’est un village qui s’essouffle, avec des espaces publics peu revalorisés", explique la lauréate. Face à ce constat, elle a souhaité réanimer le bourg en réinvestissant ces maisons vacantes par la création d’un centre de santé, d’une halle, d’une crèche et d’un bistrot. Une solution qu’elle souhaite généraliser et qui intéresse la ministre, qui recense 800.000 maisons vacantes dans les villages de France.
Faciliter l’usage de l’eau en Dordogne
La marraine du prix, Dorothée Barba, journaliste de l’émission "Carnet de Campagne" sur France Inter, a décerné son prix à Clara Soleihavoup pour son projet "L’eau et ses usages dans le Périgord Nontronnais".
Son travail, produit au cours du programme "Design des mondes ruraux", et porté par l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs, concerne les différents usages de l’eau dans la zone du Périgord nontronnais, entre ménages, agriculteurs, etc.
Face au changement climatique qui rend la lecture du paysage difficile, elle a souhaité dessiner la manière dont l'eau est répartie afin de faciliter son utilisation pour tous.
"À travers le dessin, j’ai tenté de collecter les connaissances de ceux qui participent à la gestion de l’eau dans ce territoire pour comprendre ce qu’elle implique, comment se fédèrent les acteurs de cette ressource et le lien avec les usagers", explique la diplômée au public présent.
Un prix spécial adaptation au changement climatique
L'eau présente aussi des défis du côté de Bouin (85), petit village qui fait face aux risques d'inondation et de submersion. Pour s'adapter à ces risques, Paul Blotin, jeune architecte diplômé de l’ENSA Clermont-Ferrand, y a imaginé le projet "Les pieds dans l'eau", qui lui a valu prix spécial Adaptation au changement climatique.
"La difficulté était de chercher des données tangibles, et d'écrire un scénario à court et moyen termes", explique l’architecte. Pour appréhender cette complexité, il a créé un programme de logements et une auberge dans le centre bourg à court terme, suivi de l’aménagement d’une aire de plein air et d’un embarcadère pour préserver la liaison avec le continent, à moyen terme.
Une réflexion collective sur les vulnérabilités des villes rurales
Mathilde Cassagne, Camille Duhamel, Inès Fillonneau, Gabriel Poulain et Sarah Verdun forment le groupe lauréat du prix spécial Nouvelle approche pour leur étude "Des vulnérabilités aux stratégies d’adaptation".
Un projet qui a vu le jour grâce à leur master en urbanisme et aménagement à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, qui les a réunis, un peu par défaut, chacun d’eux ayant eu l’envie de travailler sur les zones rurales.
"Il était question d’interroger les solidarités associatives pour saisir les vulnérabilités de ces territoires et de comprendre comment elles sont vécues et contournées. On a réalisé une enquête de terrain de quatre mois qui nous a permis de rencontrer 150 personnes", explique le groupe qui reconnaissait aussi la difficulté de travailler sur deux villes : Ruffec et Angoulême (16).
Les étudiants participent désormais à la rédaction d’un article de recherche sur le projet. "On a une meilleure connaissance des dynamiques des espaces ruraux, ce qui est enrichissant pour l’après, étant donné qu'on sera amenés à travailler sur des territoires différents", précisent-ils.
Repenser l’attractivité des paysages montagneux
Enfin, le Grand Prix est revenu à deux jeunes diplômées de l'école nationale supérieure d'architecture de Nancy, Marie Dziechciarz et Camille Oppé. Intitulé "Les paysages de l’après-ski", leur projet concerne la station de ski Frère-Joseph à Ventron (88), fermée par manque de neige. Un phénomène qui survient de plus en plus dans les territoires de montagnes, dont l’économie a été longtemps fondée sur le tourisme.
Face à la nécessité de transformer l’attractivité de ces habitats, les lauréates ont proposé d’aménager un bâtiment artisanal de production fromagère. "Nous avons consacré quatre mois intensifs de notre master 2 à ce projet. Notre temps se répartissait entre les visites de terrain pour rencontrer les acteurs, nos réflexions en binôme tard le soir et la formalisation du projet", décrivent-elles.
Si comme pour les autres projets lauréats, celui de Marie et Camille n'a pas vocation à voir le jour, il a constitué un travail pédagogique important pour les étudiantes. Ainsi, bien qu'elles se soient senties perdues au début de ce travail, elles se félicitent aujourd'hui d'en avoir tiré de la force et de la réflexion collective.
Tous les projets déposés peuvent être consultés sur le site internet du palmarès.