Témoignage

Ils ont rejoint une école d’ingénieurs en ayant suivi une seule spécialité scientifique

Tom, étudiant en première année de prépa intégrée renforcée à l’Efrei, à Villejuif.
Tom, étudiant en première année de prépa intégrée renforcée à l’Efrei, à Villejuif. © Photo fournie par les témoins
Par Clément Rocher, publié le 13 février 2024
5 min

Ils ont fait HGGSP, SES ou AMC jusqu'au bac et sont aujourd'hui en école d'ingénieurs. Un parcours possible, mais pas facile. Leur point commun : ils ont beaucoup travaillé pour se remettre à niveau en maths et en physique.

Les écoles d’ingénieurs post-bac s'adaptent à la réforme du bac. En plus de s'ouvrir aux lycéens n'ayant pas suivi la spécialité mathématiques, elles accueillent également quelques bacheliers n'ayant choisi qu'une seule spécialité scientifique en terminale.

Cyriaque, Romane et Tom, âgés de 18 ans, font partie de ces rares étudiants à s'être tout de même lancés dans une formation d'ingénieur à la rentrée 2023. Un début de parcours marqué par beaucoup de travail et de motivation pour atteindre un bon niveau dans les matières scientifiques.

Un choix risqué

Après avoir suivi maths et HGGSP (histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques) en terminale, Tom est désormais étudiant en première année de prépa intégrée renforcée à l’Efrei, à Villejuif (94).

"J’avais gardé les maths pour ne pas me fermer de voie. Mais la géopolitique m'a ouvert les yeux sur tellement de choses. Elle m’a apporté une nouvelle vision sur l’Union européenne, les enjeux liés à la cybersécurité. Cette matière a vraiment influencé mon choix d'études", témoigne-t-il.

Pour sa part, Cyriaque, étudiant en première année de prépa intégrée à l’ECE, à Paris (75), a suivi les maths et les SES (sciences économiques et sociales) pour sa dernière année de lycée.

"Au départ, je voulais m’orienter en école de de management, mais j’ai réfléchi à l’idée de rejoindre une école d’ingénieurs. C’était un choix assez risqué, car je ne connaissais pas trop la physique, l'informatique et l'électrique", explique-t-il.

Étudiante en première année de prépa intégrée à l’ESIEA, à Ivry-sur-Seine (94), Romane a opté pour une combinaison plus originale : AMC (anglais monde contemporain) et NSI (numérique et sciences informatiques), tout en suivant l'option maths complémentaires.

"On voyait des sujets très variés en AMC, autant littéraires que scientifiques. Mais je me suis orienté vers l’ingénierie, car la spécialité NSI m’a plu. Je me suis intéressée à tout ce qui est réseaux et systèmes, la partie la plus intéressante de l’informatique", s'exprime-t-elle.

Passage obligatoire par les concours

Avant de faire leur entrée en école d'ingénieurs, les étudiants ont passé un ou plusieurs concours, composés d'une étude de dossier et d'épreuves orales ou écrites. Les modalités d’évaluation ont été adaptées pour évaluer les candidats de la façon la plus juste selon leur parcours et leur profil.

Cyriaque, qui a passé les concours Puissance Alpha et Avenir était "carrément stressé ! J'ai suivi des cours particuliers pour avoir un certain niveau en physique", explique-il.

Romane se souvient de l'entretien passé avec le concours Puissance Alpha, une épreuve orale qui l'a un peu déstabilisée. "Je me suis demandé si j'avais réellement les compétences, s'ils ne les testent pas", s'est-elle questionnée. À partir de la session 2024, tous les candidats devront passer obligatoirement des épreuves écrites.

Cours de rattrapage en maths et en physique

À l'Efrei, la prépa intégrée renforcée permet à Tom de bénéficier de cours supplémentaires en maths et en physique chaque semaine. "On me donne plus de temps pour apprendre, c’est une chance. Nous avons aussi des exercices à traiter pendant les cours, à la différence de la prépa intégrée classique", explique-t-il.

À son arrivée, Cyriaque a suivi un mois de remise à niveau en maths et en physique. "J’ai eu une plus grosse charge de travail les premiers mois, mais je m'en doutais. Je n'avais pas pris des automatismes en physique pendant un an", a-t-il constaté.

À l'ECE, la prépa intégrée rassemble aussi des élèves qui ont choisi deux spécialités scientifiques. "Le premier mois était assez décourageant, j'ai dû m'accrocher. Je prenais du temps pour comprendre certains concepts alors que c’étaient des évidences pour d'autres."

Rythme de travail plus soutenu

Romane a accéléré son rythme de travail pour être au niveau. "J’ai dû travailler un peu plus certaines matières, car certains élèves étaient mieux préparés que moi, mais cela en vaut la peine. On m’a donné une chance de réussir mes études et je ne compte pas la laisser tomber", garantit-elle.

Elle a notamment pu compter sur le soutien de ses enseignants et des élèves de sa promo. "Les professeurs organisaient un atelier sur les mathématiques une fois par semaine. On pouvait venir travailler seul dans son coin, ou leur poser toutes nos questions. Il y avait aussi beaucoup d’entraide avec les camarades", confirme Romane.

À l'ECE, une association d’élèves se propose de venir en aide aux jeunes arrivants. "Ils peuvent nous expliquer des notions en physique ou en électronique. Je ne me suis jamais senti seul, assure Cyriaque. J’ai surtout beaucoup travaillé et je m’en suis sorti."

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