Les étudiants scientifiques rendent leurs conclusions sur la place de l'hydrogène en France

Dans quelle mesure et à quelles conditions les technologies liées à l’hydrogène sont-elles pertinentes pour atteindre les objectifs de développement durable, dans un monde aux ressources finies ? Quels devraient être les usages prioritaires ? Telles sont les questions qui ont été posées aux cinquante étudiants membres de la première convention scientifique étudiante.

Organisée par le Comité Jeunes promotions de l’IESF (Ingénieurs et Scientifiques de France) cette convention avait pour objectif de positionner les étudiants sur les conditions de mise en place de la filière hydrogène en France. Mais aussi de faire entendre la voix des jeunes scientifiques. "La science n'est pas seulement une discipline académique, c'est également une voix essentielle dans le débat public", soutient Meryem Ben Dhiaf, co-organisatrice de la convention scientifique étudiante.

Sur le modèle de la convention citoyenne pour le climat, les étudiants se sont rassemblés durant quatre sessions de deux jours, entre novembre et mars, pour rencontrer des experts, participer à des débats et comprendre la technologie de l’hydrogène sous tous ses aspects.

Plus de 35 acteurs issus du monde de la recherche, de l'industrie, de l’administration publique, des ONG, ont permis de fournir une base solide de réflexion aux élèves sur l'usage de l'hydrogène, son impact climatique et ses enjeux socio-économiques.

Au terme de ces échanges, les étudiants ont formulé 28 recommandations ayant trait à la production et à l’usage de l’hydrogène dans différents secteurs. "Les recommandations sont le fruit d'un débat basé sur des éléments factuels présentés aux étudiants par des experts reconnus dans leur domaine", affirme Jean Dambreville, délégué général d'IESF.

Parmi elles, déployer la formation professionnelle autour de la filière hydrogène, soutenir une production locale d’hydrogène en France, ou encore faire de l’usage de l’hydrogène une priorité dans l’industrie.

Le rapport final a été remis à Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'Industrie et de l'Énergie. Alors que la France s'est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050, le ministre a annoncé en mars que l'État allait investir 149 millions d'euros dans un électrolyseur pour fournir en hydrogène vert une usine d'engrais en Seine-Maritime.

Les étudiants membres de la convention sont venus en nombre lors de la cérémonie de clôture. "J’ai pu assister à de nombreuses conférences avec des intervenants qui ont exprimé des points de vue différents. Cela m’a permis d’acquérir une vision systémique de la chaîne de valeur de l'hydrogène. Ce fut une expérience exceptionnelle et très enrichissante", s'exprime May, étudiante à l'Ecole des Mines de Nancy (54).

"Les questions énergétiques et écologiques m’intéressent, intervient Yasmine, étudiante en double diplôme à l'université Paris Cité et à Mines Paris. Les échanges se sont plutôt bien passés bien que certains interlocuteurs ont cherché à défendre leurs intérêts […] Il faut bien garder en tête la sobriété et comprendre que l'hydrogène est une ressource qui dépend d'autres conditions."

"J’ai envie de travailler dans l’énergie, c’est une opportunité d’en apprendre plus, continue Noé, étudiant en double diplôme avec HEC et Mines Paris, qui a notamment fait un stage dans le domaine des carburants d'aviation durable. Les entreprises veulent faire du profit et la décarbonation représente pour eux une contrainte."

L’hydrogène soulève de nombreux enjeux techniques. En plus de son transport et de sa distribution, l'énergie nécessaire pour le fabriquer doit être elle-même décarbonée. Et son stockage représente aussi un défi de place, et de poids. Ainsi, l’engagement de la convention scientifique s’inscrit dans le cadre des Objectifs de développement durable de l’ONU.

"Nous préconisons ainsi la mise en place d’un cadre réglementaire imposant systématiquement l’étude des impacts sociaux et environnementaux des projets liés à l’hydrogène, y compris les enjeux de biodiversité", soutient Noé.

Parmi les secteurs prioritaires pour l’usage de l’hydrogène, les étudiants ont retenu le secteur de l’industrie, maritime et de l’aviation. La priorisation des usages s'impose, car l’hydrogène et les ressources nécessaires à sa production ne sont disponibles qu’en quantités limitées. L'hydrogène prend 4,6 fois plus de place que l’essence pour stocker une même quantité d’énergie.

"Notre objectif n’est pas l’émergence d’une filière hydrogène dans tous les secteurs si d’autres solutions apparaissent comme plus pertinentes. On voit l'hydrogène comme un outil au service de la décarbonation et non pas comme une fin en soi", conclut-il.