"On réalise l'ampleur des responsabilités qui nous attendent" : les étudiants de l'INSP mieux préparés pour le terrain
L'Institut national du service public (INSP, ex-ENA) a réformé son cursus de formation. La promotion 2024-2026, qui a fait sa rentrée le 8 janvier, est la première à connaître ces changements.
La nouvelle promotion des élèves de l'INSP (Institut national du service public), qui a remplacé l'ENA en 2022, a fait sa rentrée en janvier dernier. Nouveauté : à peine créée, la scolarité de l'école a été réformée pour "mieux préparer les élèves fonctionnaires au terrain". Le cursus est en effet allongé à 24 mois, contre 21,5 mois auparavant.
Thibaut et Stella font partie de cette promotion. Après une pré-rentrée à Paris en décembre, ils ont intégré l'école, à Strasbourg.
Entre soulagement et appréhension d'intégrer l'INSP
Pour Thibaut, cette rentrée est placée sous le signe du "soulagement après une dure année de préparation au concours" mais aussi "d'une appréhension à l'idée d'intégrer un nouveau milieu". "C'est impressionnant, on se demande si l'on y a sa place. Mais ça permet aussi de faire des rencontres", affirme aussi le jeune homme.
Des ressentis partagés par Stella. "C'est une récompense après avoir énormément travaillé pour entrer à l'INSP. Et en même temps, on réalise aussi l'ampleur des responsabilités et de la carrière qui nous attendent", témoigne la jeune femme de 26 ans.
Les élèves de l'INSP sont en effet formés à intégrer les plus hauts corps de l'Etat, et auront un pouvoir décisionnaire sur des sujets comme le maintien de l'ordre ou le développement des territoires.
Approfondir la théorie, avant la mise en pratique
Cette prise de responsabilité se fait petit à petit. La nouvelle promotion 2024-2026 aura trois mois de théorie et de mise en situation au sein de l'INSP. Puis, les futurs fonctionnaires iront sur le terrain avec un stage d'immersion sur le thème "souveraineté, cohésion, commandement", lors duquel ils rencontreront les corps de l'armée et de la gendarmerie.
"Avant, la scolarité s'organisait autour d'une année de stage qui arrivait de façon très précoce au bout de trois semaines. Avec la réforme, on a davantage de formation initiale au début. On sera donc mieux armés en prévision de l'année de stage, qui est maintenue mais retardée", explique Thibaut.
Un changement qui l'a d'autant plus motivé à intégrer l'INSP. "C'est plus rassurant d'avoir abordé la théorie en amont", souligne le jeune homme de 25 ans.
Le conseil de professionnalisation
Pour construire leur projet professionnel, l'INSP a mis en place, cette année, un "conseil de professionnalisation". Les nouveaux élèves ont ainsi réalisé des entretiens individuels avec des cadres supérieurs et dirigeants.
Stella a fait son entretien individuel avec six ou sept fonctionnaires qui ont pu lui donner des conseils sur ses choix de stages et de carrière. "Ce sont des mentors qui nous accompagneront tout au long de l'année, témoigne la jeune femme. J'ai un référent spécifique dans ce groupe, mais je peux tous les contacter au fil de l'année si j'ai des questions. C'est une ressource très précieuse".
Un appariement à la sortie de l'INSP
Autre nouveauté qui entre en vigueur pour la promotion 2024-2026 : la mise en place d'une nouvelle procédure de sortie à la fin du cursus à l'INSP. Avant la réforme, les étudiants étaient classés à la fin de la formation, et pouvaient choisir un poste en fonction de leur positionnement. Les 15 meilleurs étudiants étaient dans ce qu'on appelait "la botte" et pouvaient ainsi prétendre aux meilleurs postes.
Le classement de sortie est désormais supprimé, et la promotion 2024-2026 sera la première à passer par un processus d'appariement. Concrètement, les employeurs prépareront des fiches de poste en précisant les compétences recherchées et les élèves émettront des vœux. L'école pourra ajouter des appréciations aux candidatures puis les dossiers seront anonymisés. Une commission suivra ce processus pour garantir son objectivité et l’égalité entre les élèves.
"L'avantage, c'est qu'en l'absence de la botte, notre premier poste a beaucoup moins d'influence sur le reste de notre carrière. On se sent donc plus libre dans notre choix, et c'est plus égalitaire", affirme Stella.
Seul bémol selon elle : la promotion va "tester" cette procédure. "Pour l'instant, on ne sait pas clairement à quoi elle va ressembler. C'est source d'incertitudes", raconte la jeune femme. Un groupe de travail, dans lequel figurent des élèves, travaille actuellement aux détails de cette procédure d'appariement.