Pourquoi l’accueil des élèves de 2de sans stage dans les lycées sera compliqué
Selon une circulaire du ministère, les élèves de 2de qui n'auront pas de stage en juin devront être accueillis dans leur lycée. Dans la réalité, cet accueil risque d'être difficile à mettre en place.
"Il va être techniquement très difficile, voire impossible, d’accueillir les élèves pendant cette période." Sans équivoque, Olivier Beaufrère, secrétaire national pédagogie au SNPDEN-Unsa , alerte sur la difficulté d’accueillir leurs élèves de 2de sans stage dans les lycées du 17 au 28 juin prochains.
Cette année, les élèves doivent en effet effectuer deux semaines de stage d'observation sur cette période, répondant ainsi à l’objectif de reconquête du mois de juin suivi par le ministère de l'Éducation nationale. Toutefois, une circulaire prévoit que les élèves qui n’auront pas trouvé de stage pourront être accueillis dans leur lycée pour "bénéficier de solutions en ligne de découverte des environnements professionnels et y effectuer des recherches documentaires pour préciser ou parfaire son projet d’orientation".
En pleine période d’examens, cet accueil est loin d'être simple à mettre en place.
Un manque de personnels pour assurer l’accueil des élèves
Au lycée Turgot (IIIe arrondissement de Paris) la priorité sera donnée à la préparation du bac. "Pour le moment, l’accueil des élèves sans stage n’est pas notre priorité. L’urgence est à l’organisation des épreuves du bac", affirme Karile Richard, la proviseure. Dans ce lycée centre d’examen, le bac rend presque impossible l’accueil d’autres élèves. "Je n’ai pas d’enseignants disponibles puisqu’ils sont tous mobilisés sur la surveillance et la correction des épreuves."
Un manque de personnel que confirme Olivier Beaufrère. Durant le mois de juin, "quasiment l’ensemble des enseignants sont retenus sur des opérations de surveillance d’examen, de corrections des épreuves ou de passation des oraux". Difficile pour les établissements de mobiliser des personnels sur l'accompagnement des élèves de 2de. Sans compter que "c’est une mission supplémentaire à assurer sans rémunération complémentaire. Personnellement, je n’ai pas de professeur référent pour encadrer les élèves", complète Karile Richard.
Les locaux parfois indisponibles
L'organisation des épreuves limite également le nombre de locaux disponibles pour l'accueil des élèves. "Je n’ai pas de salles de disponibles et surtout, je ne veux aucun bruit dans les couloirs ou à l’extérieur pendant les épreuves", explique la proviseure.
Et lorsque ce n’est pas en raison de l'organisation du bac, il se peut aussi que certains lycées restent portes closes. "Mon établissement sera en chantier dès la fin des épreuves de spécialités et pour neuf semaines. Je ne vois vraiment pas comment accueillir les élèves", peste Olivier Beaufrère.
Combien de lycéens à accueillir ?
Sans compter qu’il est difficile aujourd’hui d’estimer le nombre d’élèves sans stage. Au mois d’avril, Karile Richard n’avait encore reçu "aucune convention signée". De son côté, Olivier Beaufrère estime que seulement 25% de ses 430 élèves ont pu faire signer le précieux contrat.
En plus des offres peu nombreuses, les entreprises s’avèrent en effet assez frileuses sur l’accueil de ces élèves pendant 15 jours sur cette période. De plus, les 550.000 élèves de 2de ne sont pas les seuls à rechercher un stage. S’ajoutent les élèves en CAP et en bac pro qui réalisent leur PFMP sur la même période, faisant ainsi passer le nombre d’élèves demandeurs à près d’un million.
Les élèves sans stage non pénalisés
Du côté du ministère de l'Éducation nationale, on assure qu’aucune remontée sur les difficultés des établissements n'a été faite. "Concernant le suivi des élèves, il sera effectué par un professeur qui n’est pas ou plus mobilisé comme correcteur ou examinateur pour le baccalauréat durant la période où se déroule la séquence d’observation", précise le bureau de presse à l’Etudiant.
Ces enseignants devront proposer des sessions d’accompagnement à l’orientation. Un intérêt pédagogique limité selon Karile Richard. "À ce stade de l’année, l’orientation est déjà faite, les choix de spécialités sont terminés et ne peuvent plus être changés". Si Olivier Beaufrère reconnaît "une idée louable au début", il regrette que l’accueil des élèves sans stage ait été décidé sans être suffisamment "structuré et construit assez en amont pour savoir quoi leur faire faire".
Dans tous les cas, si vous ne trouvez pas de stage, vous ne serez pas pénalisé. "Heureusement, aucun élément allant dans le sens d’une sanction ne sont présents dans les textes", indique Olivier Beaufrère qui conseille toutefois "de tout donner pour trouver un stage".
